« Prendre soin les uns des autres ». Cette expression est fréquente dans le Nouveau Testament pour qualifier les relations entre les membres de l’Église. Cette expression se décline sous 4 aspects :
- Les bergers prennent soin de la communauté (1Tm 3.5 ; 1Th 2.7 ; Jn 21.15 ; etc.)
- Chacun est appelé à prendre soin de l’autre (Lc 10.34 ; Jn 13.14 ; Ac 27.3 ; 1Co 12 ; Col 3.13)
- La communauté prend soin de ses bergers (1Th 5.12-13 ; Hé 13.17)
- Dieu prend soin de tous (Os 11.3 ; Ep 5.29 ; 1P 5.7)
Le vocabulaire biblique
Ancien Testament : (arav) : échanger, répondre de la vie d’un autre, se mettre à la place d’un autre. D’où la notion d’arévout : L’engagement responsable mutuel, tous les Juifs sont responsables les uns des autres, (Gn 43.8-9).
Nouveau Testament : έπιμελέομαι (épiméléomai) : prendre soin d’une personne ou d’une chose, se soucier de, (Lc 10.34) ; (1Tm 3.5) … comment prendra-t-il soin de la maison de Dieu ?
βόσκω (boscô) : nourrir, paître, brouter, (Jn 21.15). θάλπω (thalpô) : chauffer, garder au chaud, chérir d’un tendre amour, prendre particulièrement soin, (1Th 2.7).
Prendre soin : 3 réussites
- Moïse et Josué. Je relève simplement combien Moïse a été encourageant et soutenant à l’égard de Josué qu’il pressentait être son successeur (De 31.7) ; (De 34.9).
- Paul et Timothée. Dans toute église le ministère pastoral fait l’objet d’attentes, de projections voire de transferts. Timothée est encore jeune et risquait de ne pas correspondre aux attentes de l’église et d’être déprécié, (1Ti 4.12). Paul dit qu’il est garant de la foi et doit être obéi et honoré, malgré sa timidité ; (1Ti 4.6) ; (1Ti 1.3-4), (1Ti 6.6-11) ; (2Ti 1.6-8).
- Paul et la communauté de Corinthe. Proche de Paul, l’église de Corinthe, sous une influence extérieure, était proche de rompre avec Paul. Paul développe une énorme énergie pour garder le lien et prendre soin de cette église, (2Co 4.6) ; (2Co 6.4) ; (2Co 7.3).
Pour des raisons morales, un homme a été puni par l’Église. Paul plaide afin que la sentence ne soit pas excessive (2Co 2.6-8).
Prendre soin : 3 échecs
- Caïn et Abel (Gn 4.8-9). C’est le premier crime de l’histoire. Il nous montre que la violence est inscrite au cœur de nos vies. Comme des enfants qui se disputent le même jouet alors qu’il y en a beaucoup, notre désir entre en compétition avec le désir de l’autre et produit la violence, c’est « la violence mimétique ». Seul le fait de parler peut la transformer positivement. Tous les conflits sont précédés par la non-communication entre les protagonistes.
- Roboam et Jéroboam (1R 12.1-19). Roboam écoute les conseils des jeunes gens plutôt que le conseil des sages. Il durcit sa politique. Le résultat, c’est la division d’Israël. La violence produit de la contre-violence qui, à son tour, amplifie la violence d’origine jusqu’à la déchirure ultime.
- L’apôtre Jean et Diotrèphe (3Jn 9-10). Diotrèphe, c’est chacun de nous pris dans les filets du désir mimétique ; lorsque nous convoitons la place de l’autre, lorsque nous voulons modéliser l’Église selon nos conceptions ; lorsque nous disons à l’autre comment il doit faire et être.
Membres les uns des autres. La violence n’aura pas le dernier mot. La Bonne Nouvelle de l’Évangile nous apprend qu’un homme n’a pas cédé au désir de rivalité et à la violence qui en résulte. Jésus a cassé la logique de la compétition par celle du don. Les hommes n’ont pas supporté cette nouvelle logique.
Questions
- Que veut dire pour moi : prendre soin de quelqu’un ?
- Qu’est-ce qui pourrait m’empêcher de prendre soin de quelqu’un ou que quelqu’un prenne soin de moi ?
- Quelles sont mes expériences négatives dans les soins qu’on m’a prodigués ou que j’ai donnés ?
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