Le testament de Jésus

Jean 21

Il s’agit des dernières paroles de Jésus.

1°) Une réflexion sur l’absence de Jésus. Les disciples qui ont vécu 3 ans avec Jésus devront vivre sans Lui. L’absence physique de Jésus peut apporter du découragement, de la démobilisation, de la colère. Dans le manque de Jésus, Pierre va pêcher. A moins d’un appel particulier, Dieu nous demande de faire ce que nous savons, soit notre profession (1Co 7.20).

2°) La vocation de l’Eglise.
‐ Accueillir l’expérience du manque, comme Pierre qui doit passer par toutes sortes d’émotions car il n’attrape aucun poisson. L’évangile de Jean commence et finit par l’expérience du manque : manque de vin à Cana, et de poissons pour Pierre. Jésus apparaît à ses disciples alors qu’ils sont retournés dans leur métier, mais avec l’angoisse du manque, de l’abandon, etc. Lorsque nous arrivons à nos limites, il est possible d’entendre Sa parole qui est en même temps action. Si Jésus leur pose une question dont il connaît la réponse : « Avez‐vous pris… ? », c’est pour les inviter au dialogue et qu’ils puissent visiter leur expérience du manque. Pris dans nos problèmes, nous oublions que Jésus est sur le rivage.

‐ Une promesse d’abondance. Au cœur du manque, nous pouvons être dans l’abondance, mais attention à l’abondance triomphaliste (comme étant déjà au ciel), car « nous règnerions avant le temps ». Même en situation de manque, nous sommes invités à jeter le filet. L’abondance sera là en tout cas, dans nos cœurs.

‐ Se jeter soi‐même à l’eau, comme Pierre, afin d’être toujours relié au Christ. Jésus va dialoguer avec lui puis, lui dire : « TOI… SUIS‐MOI ! », (Jn 21.19‐22). Alors que Jésus demande à Pierre de le suivre, Pierre se retourne, comme s’il n’avait pas appris la leçon depuis le reniement. Pierre, homme dynamique, avait peut‐être de la difficulté à se projeter dans le dépouillement duquel Jésus lui parle. Il voit un autre disciple et demande ce qui va lui arriver. C’est comme se couler dans la pensée communautariste : vérifier que l’autre sera traité comme soi, c’est se comparer à l’autre, etc. Jésus répond : « que t’importe… », ne te charge pas d’un fardeau qui n’est pas le tien.

‐ « Que t’importe »… Cette parole nous invite à entrer dans le repos. L’autorité nous est donnée d’arrêter de nous troubler et de craindre (Jn 14.27) afin de rejoindre, cachée au fond de nous, la demeure de paix, le lieu du cœur dans sa signification hébraïque, le centre de l’être.
Arrache‐toi à la multiplicité des œuvres extérieures, laisse s’assoupir l’orage de tes pensées intérieures, assieds‐toi et repose‐toi.

‐ « Celui qui entre dans son fond intérieur et y demeure recueilli, parvient à la connaissance de Dieu plus clairement et plus manifestement que les yeux de son corps ne découvrent le soleil matériel. Pourquoi faut‐il que nous tournions en rond comme des poules aveugles, sans nous connaître nous‐mêmes ? Cela vient de notre dispersion dans la multiplicité et les choses extérieures ». (Jean Tauler, Sermons, in. Th. Glardon, « Ces crises qui nous font naître », p.129)

‐ « Ainsi notre vraie identité ne se réalise plus dans notre agir, dans nos actions et dans notre faire ; elle se réalise dans la relation. D’abord la relation avec Dieu puis la relation avec les autres. Se laisser attirer par l’Amour, se laisser trouver par lui, se recevoir et s’accepter comme entièrement aimé(e), guéri(e), pardonné(e), laisser notre cœur renaître à partir de cette tendresse originelle… c’est l’aspect « passif », réceptif. L’aspect « actif » de cette naissance éternelle : Revenir à la source. Réaliser cet amour qui nous est sans cesse adressé, se le réapproprier comme une réalité toujours neuve et jaillissante, remonter le cours du fleuve jusqu’à la source du pardon originel en nous. ». Th. Glardon, « Ces crises qui nous font naître ».

Questions :

• Qu’est‐ce que l’absence, le manque de Jésus produit en moi ?
• Comment est‐ce que je vis l’abondance promise ?
• Que veut dire pour moi « me jeter à l’eau » ?
• Que veut dire pour moi : « Que t’importe, toi suis‐moi » ?