Les questions et les doutes

Les questions et les doutes

Rosemarie

Es-tu celui qui doit venir ? C’est la question lancinante et angoissée, remplie de doute et d’incertitude que Jean-Baptiste se décide à poser à Jésus. Il ne peut même pas la lui poser personnellement ; ce sont ses amis qui vont devoir se charger de la transmettre de sa part. Car oui, Jean-Baptiste, est en prison. Dans un cachot sans lumière, à la merci de la volonté du cruel Hérode et de sa famille. La grande lumière du désert, les bords sablonneux du Jourdain dans l’eau duquel il baptisait le peuple d’Israël, les exhortations à la repentance, tout cela est désormais à mettre au passé. Même le baptême de Jésus, au cours duquel il a vu la colombe de l’Esprit Saint descendre sur la tête du Messie ; même la voix de Dieu qui s’est faite entendre à lui en ce moment précis, cette voix qui a dit : « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis toute mon affection », rien de tout cela ne parvient à lui redonner courage. Tout lui paraît désormais lointain, pâli, irréel. Tout s’est estompé devant la dure réalité du présent : à savoir que moi, Jean, je suis dans la nuit la plus totale, hanté par mes doutes et mes incertitudes. Jésus, si tu es celui qui doit venir, pourquoi ne viens-tu pas me délivrer ? Seuls les murs se font inlassablement l’écho de ses   questionnements, ne lui apportant aucune réponse. Il faut bien sûr comprendre que les doutes de Jean portent d’abord sur le fait qu’il croyait, comme d’ailleurs une grande partie du Peuple d’Israël, que le Messie attendu allait rétablir la royauté de David, qu’il remonterait sur son trône vacant depuis si longtemps, et qu’il chasserait avec puissance l’occupant usurpateur. Dont bien sûr, Hérode le tyran odieux… Beaucoup parmi le peuple n’ont d’ailleurs jamais reconnu leur Messie dans le modeste charpentier de Nazareth. Mais la question de Jean sous-entend une interrogation plus personnelle, plus douloureuse, concernant son propre sort à lui, lui dont la vie a soudain dramatiquement basculé. Et si grand et si courageux qu’ait été Jean-Baptiste, le voilà confronté à ses propres limites. La passivité de Jésus face à sa détresse, sa non intervention, le déstabilisent et le poussent à remettre toute sa confiance en question.

Es-tu celui qui doit venir ? Franchement, la réponse qu’il va recevoir de Jésus a de quoi le dérouter encore davantage : elle ne contient aucun message personnel, ni aucun encouragement qui lui laisserait penser qu’il n’est pas rayé du monde des vivants : on lui rapporte juste ce court passage d’Esaïe le prophète, concernant le ministère du Messie lorsqu’il viendrait : «  Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres ». C’est tout. Car Jésus a sciemment omis de citer la fin de la citation, ces quelques mots qui justement contiendraient pour Jean une promesse de libération, c’est-à-dire : « L’Esprit de l’Eternel est sur moi pour proclamer aux prisonniers la délivrance… ». Jean peut dès lors considérer qu’il a la réponse qu’il demandait, et qu’il va devoir s’en contenter.  Jésus n’interviendra pas pour le libérer. Il sait qu’il va devoir affronter seul l’angoisse et la souffrance d’une mort tragique et injuste. Il est certain malgré tout que Dieu ne l’aura pas laissé dans ses doutes jusqu’à la fin, et qu’Il l’aura conduit à voir les choses d’une autre manière, plus profonde ; au-delà de son horizon bouché, il aura une certitude renouvelée de la messianité de Jésus : Tu ne t’es pas trompé, Jean, Jésus est celui qui doit venir, mon fils, le Messie et il fait route avec toi. L’espérance s’est levée dans le cœur de Jean, elle ne s’éteindra plus jusqu’à sa mort.

Je me suis alors posé la question : Est-il possible de faire un rapprochement entre Jean-Baptiste et nous ? Peut-on vraiment faire un parallèle entre lui et nous, chrétiens d’aujourd’hui ? Je crois que oui. En effet, ne nous sommes-nous pas retrouvés un jour ou un autre, comme lui, enfermés dans une sombre prison dans laquelle les soucis, les doutes, les angoisses, la maladie ou le deuil nous plongeaient dans une nuit profonde ? Ne nous sommes-nous pas retrouvés prisonniers de murs si épais que plus personne ne semblait entendre nos cris, même pas Jésus, qui tardait tellement à nous répondre ?

Seigneur, avons-nous dit, es-tu vraiment mon Bon Berger, mon Sauveur, en qui j’ai mis toute ma confiance ? Alors, pourquoi permets-tu que je me retrouve dans le sombre cachot de l’angoisse, de la maladie, du chagrin ou du deuil ? M’as-tu abandonné, m’as-tu oublié ? Ne me suis-je pas trompé à ton sujet ? Lorsque notre vie traverse une crise, que nos certitudes sont ébranlées, lorsque tout se défait autour de nous, il est parfois bien difficile de comprendre par où nous devons passer.  Force nous est de constater que le Seigneur ne nous apporte pas des réponses et des solutions toutes faites. Comme pour Jean-Baptiste, le Seigneur ne nous dit pas tout. Pour nous aussi, il passe des phrases sous silence, il nous laisse avec des versets incomplets. Et lorsqu’il apporte une réponse, elle est parfois bien différente de ce que nous espérions ou de ce à quoi nous nous attendions. Mais Dieu sait où il nous conduit. Et Jésus, son Messie, fait route avec nous. Ne perdons pas courage : Pour nous aussi, le Seigneur éclaire notre route d’une lumière, douce et diffuse, pour nous rendre attentifs à sa présence. Cette lumière va grandir de plus en plus, jusqu’à chasser la nuit de notre prison. Une espérance nouvelle va ouvrir les yeux de notre cœur, et nous verrons désormais le Christ qui fait route avec nous pour toujours.

Mireille

Des questions, nous nous en posons tous. Pourquoi tant de malveillance ? Pourquoi tant de violence ? Je pense aux victimes. Surtout aux enfants à qui on inflige tant de souffrances. A ceux qui subissent tant d’injustices. La liste des « pourquoi » est longue. Pourquoi n’interviens-tu pas ? Pourquoi fais-tu silence ? Où es-tu ? Et le doute s’insinue en nous Est-ce qu’il y a un sens à tout cela ? Je n’en vois pas. Je n’ai pas de réponse.

Si ce n’est que, dans certains pays, parce qu’ils aiment Jésus, des enfants, des femmes, des hommes sont emprisonnés, maltraités, battus, torturés. Parfois mis à mort. Ils ont été dénoncés, trahis par leurs proches. Pour quelques sous, Judas vend Jésus.

Un paysan laboure son champ. Il sème son blé. Le blé tout doré s’élève vers le ciel. Un citadin cultive ses légumes, ses salades. Il en est tout fier. Un nuage de grêle arrive. La grêle détruit tout. Le champ, le jardin.

Dans un jardin Jésus ressent de la frayeur et de l’angoisse. Une sueur couleur sang, coule sur son visage. Il te supplie d’éloigner cette coupe de douleur. Tu envoies un ange, mais tu ne le sauves pas. Ses amis dorment. Solitude.

Il est un long fleuve mouvant. Un fleuve de souffrances. Un fleuve de migrants, d’exclus, de bannis. La guerre n’a fait d’eux qu’un grand cri.

Jésus, ton fils, ton unique est arrêté. Et par trois fois, Pierre, son ami le renie.

Ils sont nés handicapés. Ils sont nés avec de drôles de voix dans la tête. Ils sont autres. Les rires, les sarcasmes sont leur lot quotidien. Le rejet est gravé dans leur chair.

Des hommes frappent Jésus, l’insultent. Ils se moquent de Lui, le méprisent. Le mensonge habite leurs bouches. Ils le salissent, crachent sur Lui.

Certains s’enrichissent avec arrogance. Ils s’enrichissent sur le dos des pauvres. Sûrs de leur pouvoir, ils se sentent invulnérables. Leurs promesses sont souvent fallacieuses. Ceux qui ne se remettent pas en question. Ceux qui se croient grands, intouchables.

Ceux-là te questionnent. Es-tu le roi des Juifs, le fils de Dieu ? Jésus répond : vous le dites : Je le suis.

En ton Nom, ils font sauter des bombes. Ils tuent sans discernement. Ils tuent hommes, femmes et enfants. Colère et haine les habitent.

Ils habillent Jésus de rouge. Crèvent la chair de sa tête à coup d’épines. Ils lacèrent son dos à coups de fouet. Ils veulent tuer la Vérité. Ils préfèrent libérer un meurtrier.

Le poids de leurs peines est immense. Ceux qu’ils aiment sont partis d’une maladie, d’un accident, d’une mort violente. C’est un enfant, un mari, une femme, une sœur, un frère, un ami.

Il porte la croix lourde de la cruauté du monde. La croix le porte lui, l’innocent. Les clous, couleur rouille le retiennent au bois. Le goût acre du vinaigre n’étanche pas sa soif.

Tous les jours des enfants meurent de faim. D’autres meurent sans savoir pourquoi. Des enfants sont vendus pour que des hommes puissent satisfaire, à moindre prix leurs pulsions.

Tout devient sombre. Dans le temple, le rideau se déchire. Jésus crie d’une voix forte : Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ?

Toi, le Ressuscité tu es lumière.

Lui, se déguise en ange de lumière. Lui, nous séduit, nous éblouit. Il nous trouble la vue. Nous ne savons plus où nous en sommes.

Toi, tu nous éclaires. Tu nous montres le chemin. Un chemin étroit et parfois escarpé. Un chemin sur lequel tu marches. Un chemin où tu fais route avec nous.

Lui, nous maintient dans le désespoir. Il nous fait douter.

Quel est ce Dieu qui n’intervient pas ? Ce Dieu qui ne rend pas la justice. Qui permet le mal. Et parfois nous abondons dans son sens. Notre confiance en toi se fissure.

Toi, tu ne nous leurres pas, tu ne nous mens pas. Tu ne nous as jamais promis que tout irait bien dans le meilleur des mondes. Que nous n’aurions pas de problèmes. Que nous ne serions jamais malades. Tu as promis que dans toutes les circonstances de nos vies, tu serais là. Dans les moments de crises tu nous donnes ce qu’il faut pour rebondir.  Avec discrétion, tu nous aides à nous relever.

Lui, c’est la haine personnifiée. Il aime faire le mal. Il aime faire souffrir. Et il se sert de cette souffrance pour nous faire douter de toi, nous séparer de toi. Quand il y réussit, il s’en réjouit. Il s’en frotte les mains.

Toi, tu détestes le mal. Tu ne permets pas le mal. Si cela était le cas, cela voudrait dire que tu le cautionnes. Et ce n’est pas dans ta nature. Toi, tu es l’amour personnifié. Un amour plein de tact. Un amour fort, dense et doux à la fois. Et pour nous faire comprendre comment aimer tu nous parles en parabole. Tu parles d’un homme blessé par des brigands. De personnes qui passent à côté de lui avec indifférence. D’un étranger qui s’arrête. Le prend en charge. Il fait ce qu’il faut pour qu’il soit soigné. Il n’est pas fait mention de courir après les brigands, de les contrer, de rendre une justice. Il est juste dit d’avoir compassion. De prendre soin des blessés de la vie.

Témoignage

Quand j’étais enfant, une personne m’a fait beaucoup de mal. Je n’avais qu’une envie ; me venger. Lui rendre la monnaie de sa pièce. Puis tu es venu mettre ta lumière en moi. Alors, je me suis mise à prier. Prier pour que toi tu me venges. Et à ta manière tu l’as fait. C’était lors d’un culte à Villard. Tout à coup, j’ai vu cette personne devant mes yeux. J’ai ressenti pour elle un amour plein de douceur, une tendresse infinie. C’était miraculeux. J’en étais toute bouleversée. Ce moment m’a libérée. C’est ainsi que Dieu « m’a vengée ».

Questions

  • Quels sont les doutes qui m’assaillent le plus souvent ?
  • Comment est-ce que je résous mes doutes ?
  • Quelles limites les doutes arrivent-ils à mettre dans ma vie ?
  • En quoi le vécu de Jésus et de Jean-Baptiste m’aident-ils à surmonter mes doutes ?

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