L’Avent : une rencontre prophétique autour du Sauveur

Introduction. Le mot « Avent » signifie avènement, venue. C’est se souvenir de la venue de Jésus. Dans la pensée juive, se souvenir, c’est rendre le passé présent, vivant, agissant aujourd’hui. C’est aussi se souvenir du futur, car nous attendons activement l’avènement du Christ. C’est le temps de l’espérance ; c’est se souvenir en rendant vivant le passé et le futur. Maître Eckhart dit en une phrase le message essentiel que j’aimerais laisser aujourd’hui : « A quoi sert que le Christ soit né il
y a si longtemps dans une étable, s’il ne naît pas aujourd’hui dans ton cœur » ?

Une rencontre intergénérationnelle, (Lc 2.22-35). 1er élément : Le Saint-Esprit. On retrouve trois fois le couple Saint-Esprit – Siméon. 2ème élément : La loi. Pour observer la loi, les parents de Jésus devaient aller à Jérusalem. La Loi et l’Esprit, dans les récits de la nativité selon Luc, se conjuguent pour dire qui est Jésus. Le cadre institutionnel, y compris religieux, avec ses lois, ses rites, son histoire, ses traditions est aussi un lieu où Dieu se manifeste et agit. Il n’y a pas de lieu où Dieu ne peut se manifester. Une des caractéristiques de cette rencontre, c’est la joie de la rencontre d’un bébé, mais bien plus, d’un Sauveur et de sa mission. Siméon composera un chant prophétique que beaucoup, après lui, chanteront le soir, car il dit la joie, la reconnaissance pour le salut et la paix du croyant qui s’abandonne en Dieu. C’est dire merci pour la journée, c’est s’endormir en exprimant sa confiance en Dieu. Siméon tenant le bébé dans ses bras peut dire « Maintenant, c’est en paix, comme tu l’as dit, que tu renvoies ton serviteur. ». Le mot « renvoyer », c’est aussi détacher, laisser aller, délier, congédier. Siméon peut se laisser aller en paix. Il n’a plus à attendre. Siméon est délié de l’attente, il a vu « Ton » salut. Le salut, c’est une personne qui se voit et qui agit. Dans les deux premiers chapitres de Luc, il y a trois chants de trois générations différentes. Tous mettent l’accent sur le salut. L’annonce aux bergers est la plus complète, (Lc 2.11). Luc, jusqu’à
la fin de son œuvre, donc y compris les Actes des Apôtres, poursuivra ce thème du salut. Siméon reconnaît dans ce bébé le Sauveur annoncé par les prophètes et qu’il l’est pour tous les peuples, (Es 49.6). Ainsi la joie de Siméon est celle du salut pour tous, qui se réalise après une longue attente, c’est aussi la joie d’avoir accompli sa mission de veilleur, prieur.

L’offrande de Siméon selon Rembrandt. Il s’agit du tableau « Siméon glorifiant l’enfant au Temple » peint vers 1666. On y voit notamment les trois âges de la vie (Jésus, Marie, Siméon). On voit le visage du vieil homme illuminé par la lumière qui émane de cet enfant « lumière de révélation ». On voit la bouche de Siméon semi-ouverte. Il chante sa louange et sa reconnaissance au Seigneur. De façon surprenante, Siméon porte Jésus sur les avant-bras, comme une offrande pour tous les peuples.

Prophétie de Siméon. Au cantique joyeux succède une prophétie plus sombre, (Lc 2.34-35).
D’un côté la paix, la joie, la lumière, de l’autre, le glaive et la souffrance. Nous aimerions tellement gommer cette prophétie. Jésus lui-même la confirmera, (Lc 12.51). Ce rejet de Jésus et de sa parole par son peuple va courir comme un fil rouge tout au long de l’Evangile et des Actes des apôtres. Ce que l’évangéliste nous dit, me semble-t-il, comme aux premiers destinataires, c’est que Jésus ne s’impose pas. Il se propose. Devant l’Envoyé de Dieu, le Sauveur, ses paroles, sa mission, certains le rejetteront et d’autres l’accueilleront. Cette libre adhésion est toujours d’actualité. Et nos choix révèlent, dévoilent les pensées secrètes de nos cœurs.

Conclusion. Que Jésus naisse en toi, en moi, en nous. Que le Sauveur, pas seulement personnel, mais du monde puisse trouver une place pour le laisser naître, grandir, se développer dans toute sa grandeur, son humilité, son service, sa beauté et sa simplicité.

Questions :

• Que représente, pour moi, le temps de l’Avent ?
• Qu’est-ce que Siméon m’enseigne au sujet de Jésus ?
• En quoi ma libre adhésion au projet de Dieu peut-elle influencer ma vie ?