Alors qu’inéluctablement, nous marchons ensemble vers l’automne, mon travail à la vigne se termine. Je le sais déjà, la vigne est belle d’apparence. Mais sous les feuilles et accroché aux sarments, le jus de mes grappes, cette année, ne remplira pas toutes mes cuves. Il a suffi d’une bise fraîche et humide au mois de juin pour irrémédiablement compromettre une partie de la récolte. Autant un cep de vigne est résistant aux aléas du temps, aux grands froids de l’hiver comme à la grêle estivale, autant la fleur de vigne est fragile dans sa délicatesse et sa petitesse : elle ne peut pas être fécondée dans des circonstances climatiques difficiles.
Pour le vigneron, récolte ou pas, il faut s’encourager et apporter les mêmes soins à sa vigne, car la destinée d’un cep est de produire du raisin pendant de nombreuses années. C’est l’espoir de saisons meilleures et le regard porté vers des horizons plus cléments qui pousse l’artisan à persévérer dans son travail.
Nous aussi nous voudrions qu’à chacun des temps de récolte de notre vie, après des investissements dans notre formation professionnelle, dans un travail ou la création d’une relation, d’une famille, nos cuves se remplissent d’un nectar succulent et abondant …
Nous le savons tous, c’est un idéal pas toujours à notre portée. Malgré les soins que nous apportons constamment à notre vie, pour atteindre nos objectifs de bonheur et de plénitude, les circonstances souvent annihilent le fruit de nos efforts
Cela arrive, la récolte peut être belle et sans défaut ! Mais rappelons-nous, dans nos saisons froides et difficiles, que nous sommes rattachés au Cep de Vie, que sa sève coule en nous, apportant au-delà des circonstances présentes, les promesses de temps meilleurs et d’autres belles vendanges.
A.C. Marchons Ensemble n° 199 Septembre – Octobre 2010
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